Description
D’Alexander Ebert, le grand public connait souvent une chanson qui reste bien en tête, un tube repris par de nombreuses publicités. « Home » est un titre qu’il a composé et interprété lorsqu’il était membre du groupe Edward Sharpe & The Magnetic Zeros. Un groupe assez caractéristique des années 2000/2010, néo-hippie, néo-folk à la croisée des chemins entre Arcade Fire (aussi très nombreux sur scène) et Devendra Branhardt.
Résumer ce musicien multi-instrumentiste au mouvement néo-folk de la scène indé US serait donc un peu réducteur… Son premier album en solo, dont le titre est tout simplement son prénom va dévoiler d’autres facettes de cet artiste. Une mise à nu salutaire après des années passées en groupe.
Alex Ebert est né à la fin des années 70 à Los Angeles et fait partie de cette génération à la croisée de toutes les influences : pop, rock, electro, hip-hop. Le jeune adolescent californien fonde un premier groupe, The Lucky 13’s, puis se professionnalise avec la naissance d’Ima Robot en 1997, un groupe entre pop et electro. Un premier album éponyme sort en 2003, et Ima Robot aura connu deux autres albums, des tournées et malheureusement des excès en tout genre pour Alex.
A la fin des années 2000, le musicien se guérit de ses addictions, et fonde un groupe « choral » avec ses amis de jeunesse, Edward Sharpe & The Magnetic Zeros. Le personnage d’Edward Sharpe est un peu son alter ego, celui qu’il aime à montrer sur scène, en chef de bande… Ils sortent un premier album en 2009, Up From Below, et connaitront un succès public avec le single « Home ». Le groupe ira jusqu’à se composer d’une dizaine de membres. Beaucoup de monde et d’expériences, qui vont diriger le musicien vers un chemin plus introspectif… Lors d’une tournée avec les Magnetic Zeros, Alexander commence à écrire et composer pour lui seul…
Préférant la solitude créative aux tentations et aux excès qui lui avaient par le passé trop souvent joué des tours, le musicien va comprendre que son avenir musical se jouera également en solo. Seul dans sa chambre pendant les tournées, il va alors composer et enregistrer une bonne partie des maquettes de son premier album solo. Il voyage de toute façon avec tout son matériel : sa guitare, un orgue Lowery qu’il avait acheté dans une friperie de St. Vincent à Los Angeles pour soixante-dix dollars, une clarinette (qu’il utilise d’ailleurs sur le premier single du disque, « Truth ») et un violon qu’il avait trouvé quelque part à Tucson pendant la tournée. Il peaufine sa propre voix, son souffle, ses genoux qu’il aime gifler pour battre le rythme, ses doigts qui claquent, ses orteils qui tapent le sol, tout peut être sujet à être enregistré.
Sur Alexander, le musicien se révèle producteur arrangeur et aime se laisser aller à rendre hommage aux musiciens qu’ils l’ont inspiré :
par exemple sur « Let’s Win », le morceau d’ouverture, avec des “sons de bouche” librement inspiré de « In The Summertime » du groupe britannique Mungo Jerry. « Bad Bad Love » sonne un peu comme « I Got You Babe » de Sonny & Cher, et Alex travaille sa voix, différente sur chaque morceau.
L’album est personnel, introspectif, authentique, c’est une déclaration d’un musicien à son public : je suis là tel que vous m’entendez, enchanté, moi c’est Alexander. Et c’est surement cette vérité qui en fait sa beauté, et on espère qu’Alex Ebert continuera longtemps cette quête musicale vers lui-même…
Marie-Laure Sitbon