Description
Le 23 juillet 2011 m’a indéniablement fait revivre un certain jour d’ avril 1994. Quand j’ai appris le décès d’Amy Winehouse, j’ai ressenti la même stupeur adolescente que celle vécue à l’annonce de la mort de Kurt Cobain.
Car oui, cette voix si ronde, si forte, si soul, je l’ai écoutée amoureusement en boucle. Seule chez moi, dans mon casque audio, au volant de ma voiture, en faisant mes courses au supermarché, en sirotant des cocktails avec des amis, Amy était partout.
Une voix, un physique, un style et une fragilité qui nous donnait envie de la serrer fort et de l’aimer plus. Tout comme Kurt. La diva soul blanche ne nous a même pas laissé le temps de se lasser d’elle. Même pas le temps de ranger cet album dans la case des « oldies » tant aimés. L’étoile a brillé fort pour devenir une étoile filante.
En 2003, on la découvre avec son album Franck, c’est un coup de foudre international.
Souvenez-vous du tubesque Stronger than me. Et de la surprise qui accompagne aussi ce premier album: une voix de Motown black sort de ce corps si fragile, si petit, si blanc. Ses yeux de biche ont tiré les premiers, une vague rétro a envahi nos ondes et nos âmes.
C’ est l’album que vous tenez entre vos mains qui est véritablement le fruit de son travail, de ses amours tumultueux et de l’amitié inconditionnelle qu’elle a portée au brillant producteur Mark Ronson. En 2007, elle écrit Back To Black en six mois seulement, une évidence, l’abum parle d’ amour et rien que d’amour. Le titre Rehab annonce un succès encore plus grand. Divinement sexy et sulfureux, elle chante avec ses tripes et sa gouaille de banlieusarde londonienne.
Produit « à l’ancienne » par Salaam Remi, cet album vous envoie valser dans l’âge d’or des années 50 et 60, d’Etta James à la Motown avec son lot de cordes, de cuivres, de choeurs, de piano, purement vintage sans fioritures modernes. Le tout parfaitement accompagné par l’excellent groupe américain de funk & soul Sharon Jones & The Dap-Kings.
Son talent est récompensé par les distinctions & prix musicaux les plus prestigieux, raflant en 2008 les Grammy Awards les plus convoités : Enregistrement de l’année, Chanson de l’année et Meilleure prestation vocale pop féminine pour le single Rehab, ainsi que celui de Meilleure Nouvelle Artiste, égalant ainsi les records Lauryn Hill, Norah Jones, Alicia Keys et Beyoncé. Cet album fait partie des 10 albums les plus vendus au XXIe siècle au Royaume-Uni et devient la meilleure vente d’ albums dans le monde au cours du premier semestre 2008, atteignant un total des ventes de plus de 11 millions d’euros au premier semestre 2009.
Mais à mesure que le succès grandit, les addictions et les faiblesses de la chanteuse grandissent aussi et l’envoient maintes fois en cures de repos et de désintoxication. Une voix forte mais un faible pour l’alcool, l’ecstasy, l’héroïne et autres substances la confortent dans la fragilité, la triste déchéance et l’ épuisement ; son corps n’encaisse pas les coups et ses déboires conjugaux et familiaux font aussi les Unes des journaux à scandale. La diva soul fait place à la dramaqueen. On retiendra inévitablement ce côté destroy qui lui colle à la peau.
Le 23 juillet 2011, ce sont les fans qui sont envoyés en « rehab » et qui pleurent sa disparition. Son deuxième et dernier album ne prendra pas la poussière et ne prendra pas une ride, comme la diva.
Audrey Tinthoin