Description
On dit de Blue Lines qu’il est l’album qui a TOUT changé. Un album qui, en ce début des années 90, apparait véritablement comme une déflagration dans la musique britannique. Un petit voyage dans le temps qui ne va pas nous rajeunir, mais qui s’impose pour bien comprendre pourquoi Blue Lines et Massive Attack ont bouleversé les codes musicaux.
En 1991, la musique était plus ou moins binaire, on écoutait soit du rock, soit du hip-hop, soit de l’electro qui était à l’époque représentée par les mouvements house et acid house. A Bristol, ville du Sud-Ouest de l’Angleterre, beaucoup de jeunes graffeurs et musiciens vivent un peu comme en communauté et sont animés par un même désir de briser les codes un peu trop étriqués de la musique britannique. C’est le cas du fameux collectif Wild Bunch, cette grande marmite qui a vu naitre Tricky, Portishead, et a également vu passer un certain Banksy… Massive Attack s’est formé dans cette nébuleuse à l’aube des 90’s quand Andrew Wowles aka « Mushroom » et Grant Marshall aka Daddy G rencontrent l’artiste graffeur Robert Del Naja, 3D, par le biais du collectif. Massive Attack est né.
Le trio s’entoure de nombreux musiciens, passe des longs mois en studio à tester, triturer les sons, les notes, les samples. En octobre 1990 sort un premier single « Daydreaming » qui figurera d’ailleurs sur Blue Lines. Et déjà c’est une petite bombe : première pierre de l’édifice Massive Attack, premier morceau de ce qu’on appelera plus tard le trip-hop, une sorte de fusion entre electro et hip-hop, et qui va marquer profondément la musique européenne à la fin des années 1990.
A la sortie d’un son aussi inédit que « Day Dreaming », le public ne peut être indifférent. Accompagné de la chanteuse Shara Nelson, Massive Attack va maintenant s’atteler à travailler et peaufiner Blue Lines. Conçu en huit mois par le trio de Bristol et enregistré en partie au domicile de la chanteuse Neneh Cherry, l’album est tout à la fois œuvre de synthèse (d’électro, de soul, de blues, de reggae…) faisant tomber les barrières des genres et une révolution musicale qui ouvre la voie au trip-hop et servant d’influence à nombre de musiciens depuis. Une œuvre d’art postmoderne après laquelle rien ne pourra jamais plus être comme avant. Blue Lines nous ouvre ses grands bras en commençant par « Safe From Harm » et la voix envoutante de Shara Nelson, qu’on retrouvera plus tard dans l’album avec le morceau le plus emblématique à ce jour du groupe, « Unfinished Sympathy ». Ce titre sera d’ailleurs aussi un de leur plus grand succès.
« Hymn Of The Big Wheel », morceau interprété par Horace Andy et Neneh Cherry qui clôt l’album est en fait un morceau d’ouverture comme pour dire : ce n’est que le début… En réalité, chaque morceau de l’album va marquer les esprits, chaque chanson nous rappelle forcément un moment de vie, nous évoque nécessairement un souvenir.
On a un peeu eu tendance ces dernières années à oublier le trip-hop, ce genre hybride et pourtant révolutionnaire. On ne peut qu’inviter à découvrir ou redécouvrir la claque Blue Lines, même pour les oreilles les plus hermétiques au son 90’s. Et même s’il reste très marqué par son époque, cet album est paradoxalement intemporel, un classique donc, à avoir absolument dans sa discothèque !
Marie-Laure Sitbon