Description
Réveil, sept heures du matin quelque part au milieu des landes planes et gelées du grand Est… Français.
L’aube pointe sur l’horizon infranchissable, battu par l’haleine de Dieux polaires.
Ecran rétro-luminescent site mobile flash info.
Léonard Cohen est mort.
Je place mon smartphone en veille (funèbre), je ne lirai pas les hommages de mes frères virtuels, ni leurs commentaires, ni leurs vidéos.
On ne respecte que les vivants.
En me murmurant « Au suivant », je rentre chez moi, embrasse ma femme et mon chat, puis effleure mes vieux vinyles…
The times they are changing, regards au ciel, et cette question qu’on ne se pose qu’à propos des vivants : « Que peut bien faire Dylan en ce moment ? »
Pleure-t-Il ? Se dit-Il aussi « Au suivant » ? Ou se siffle-t-Il un bourbon en caressant son chien ?
Oui rendez-vous compte… Vous vivez en même temps que Bob Dylan.
Quelque part sur cette même planète, à des milliers de kilomètres ou juste là, Robert Allen Zimmerman respire, parle, pense.
Je ne ferai l’affront à personne (et surtout pas à Lui) de parler de Ses chansons, Lui qui ne parle jamais.
Un prix Nobel et des lauriers comme autant d’oraisons funèbres avant l’heure… et Son silence comme la pudeur humaine.
Et de toute façon que dire ?
Par où commencer ? Comment finir ?
Les chefs d’œuvres parlent d’eux même.
Non, Bob Dylan n’est pas un concept, ou un de ces démiurges virtuels et muets, épitaphes éternels vénérés tels des veaux d’or par d’autres veaux, un peu moins brillants.
Il n’est qu’un homme et son œuvre n’en est que plus stupéfiante.
Vous êtes le contemporain du disque que vous tenez entre vos mains !
Placez-le sur votre platine, fermez les yeux, sentez la Terre tourner avec lui, et laissez-vous aller.
Traversez les époques, votre main dans Sa main scarifiée par l’Existence.
The Freewheelin, ses vieilles « Martin » acoustiques et ses harmonicas comme le souffle rimbaldien d’un Kerouac pré-hippie, l’orgue inquiétant de Lay Lady Lay, les merveilles électrico-lyriques de l’époque Positively 4th Street, l’ironie bienveillante et un peu lasse à l’égard de l’univers de Dignity, Things have changed, ou Everything is brocken (sur le trop méconnu et miraculeux Oh Mercy).
Poésie totale d’une voix protéiforme comme l’âme d’un siècle.
Ces derniers mots s’adressent à vous, profanes ou simples amateurs non éclairés, écoutez ce disque, puis écoutez tout le reste, vous entendrez la musique de l’Histoire en marche.
Il a tout écrit pour vous,
Tout pensé pour vous,
Tout joué pour vous,
Tout vécu pour vous, tendez l’oreille une dernière fois, Il murmure encore à l’autre bout d’une terre que vous partagez…
Vous avez la chance de pouvoir écouter l’immense œuvre d’une légende bien vivante, alors prenez là en pleine conscience.
On ne respecte que les vivants…
Puis quand le diamant se lèvera, regardez le ciel vide et demandez-vous : « Tiens que fait Bob Dylan en ce moment ? »