Description
« Sweat home Alabama » chantait Lynyrd Skynyrd en 1974 ! Si l’état américain fut longtemps critiqué pour son ségrégationnisme et son panorama rural quelque peu rustique, il n’en demeure pas moins pourtant qu’il fut et reste aussi le lieu d’une créativité musicale aux multiples facettes, dont les fameux studios Muscle Shoals Sound en sont le reflet le plus rutilant ! Dans cette petite bourgade du sud profond, on enregistra jadis ou plus récemment quelques-unes des pointures les plus adulées de la musique : de Bob Dylan aux Black Keys, des Rolling Stones à Aretha Franklin !
C’est dans cet ancrage du cru, non loin de là, à Athens plus exactement, qu’est né Alabama Shakes ! Encore et toujours, c’est l’histoire d’une rencontre au lycée, celle de Brittany Howard, chanteuse, et de Zac Cokrell, bassiste, qui seront rejoints plus tard par le batteur Steve Johnson et le guitariste Heath Frogg. Le groupe, d’abord nommé The Shakes, enchaîne dans un premier temps concerts de reprises et bals locaux, tout en enregistrant ses premières démos. C’est l’une d’elle qui arrive à l’oreille de l’équipe du label et disquaire londonien Rough Trade qui leur propose de sortir leur premier vrai EP éponyme en 2011. Décidément né sous une bonne étoile, le groupe devient également le coup de cœur de Jack White (The White Stripes) qui leur propose de sortir le 45t Be mine (Live at Third Man) l’année suivante sur son propre : label Third Man Records. Le phénomène est lancé et le premier album est donc attendu avec impatience !
Boys and girls, sorti chez Ato Records, est, avouons-le, une vraie réussite. Il est dû autant à l’univers bien maîtrisé du combo qui évolue entre soul, rhythm’n’blues et southern rock, qu’à la voix et au charisme de la chanteuse Brittany Howard. Cette dernière, plutôt timide à la ville, est un véritable volcan quand il s’agit de mettre en avant son organe vocal. On pense irrémédiablement à une certaine Janis Joplin quand il s’agit de jouer avec le chaud et le froid, tantôt dans une douceur cotonneuse tantôt dans des éruptions tonitruantes. Une voix qui prend d’ailleurs encore plus d’ampleur en concert.
En onze titres, le quator nous ramène à la source de ces albums où l’on savait aller à l’essentiel sans faire du remplissage qui, parfois, peut desservir une œuvre.
Dès le premier titre « Hold on », le son chaleureux du sud est de sortie, les guitares toutes voiles dehors accompagnent le refrain de Brittany dans des vapeurs bluesy particulièrement entêtantes. Le titre « I ain’t the same » évolue dans un registre similaire. On croise parfois les fantômes d’Otis Redding sur des titres comme « You ain’t Alone » ou « Boys & Girls » ou encore d’Amy Winehouse sur « Heartbreaker », à tel point qu’on en viendrait presque à se demander si ce ne sont pas des reprises… Ce n’est pourtant pas le cas, preuve supplémentaire qu’Alabama Shakes maîtrise la soul avec brio. Parfois, des mélodies plus pop comme sur « I Found You », n’en gardent pas moins une tessiture rugueuse qui ne fait aucun doute sur l’authenticité de l’écriture.
Ce premier opus n’a pas mis longtemps à trouver son public et s’est vendu rien qu’aux U.S.A à plus de 700 000 exemplaires. Par la suite, une tournée européenne leur donnera l’occasion de le défendre en live et les grands festivals américains s’enchaîneront dont le célèbre Lollapalooza de Chicago. En 2015 le groupe sortira son deuxième album Sound And Color lui permettant d’asseoir un peu plus sa notoriété. On attend depuis un troisième LP qui viendrait fêter leurs 10 ans de carrière !
Arnaud Brailly