Description
Entre vos mains voilà un classique parmi les classiques de l’histoire du rock, d’un groupe aussi fulgurant que mythique. Disraeli Gears est le 2ème album de Cream, sorti en novembre 1967, et arrivé comme une comète incandescente dans un brouhaha « psyché-pop-rock » de cette fin des années 60. Certains lui ont attribué le statut de meilleur album du groupe, mais en musique comme ailleurs, la subjectivité est grande…Toujours est-il que 53 ans après sa sortie, Disraeli Gears reste une référence, une sorte de carrefour entre le blues et le rock psychédélique des seventies.
Beaucoup d’explications à ce point de jonction. Déjà, Cream, plus qu’un groupe est la combinaison de trois musiciens hors pair bien expérimentés lors de leur formation en 1965 : au chant et à la basse Jack Bruce, à la guitare Eric Clapton et à la batterie Ginger (surnom lié à sa rousseur) Baker. Ces trois-là ont déjà été membres de groupes ou de formations célèbres, et Clapton se voit attribué dans le milieu des rockers britanniques, le surnom de God, tant ses talents à la guitare sont rares et inégalés. Bruce et Baker s’illustrent déjà dans le Graham Bond Organization. Un duo basse/ batterie explosif tant musicalement qu’humainement.
En 1966 à la sortie de leur premier album, Fresh Cream , ce supergroupe est donc un aigle à trois têtes, trois antagonismes que Felix Pappalardi, leur producteur va devoir gérer… ce qui ne sera pas chose aisée. Fresh Cream est un album de blues avec quelques reprises et quelques compositions, qui ne démarque pas à l’origine cette formation légendaire d’autres groupes britanniques qui reprenaient les classiques du blues US. Les 3 musiciens ainsi que leur producteur se mettent d’accord au moins sur un point : sortir du répertoire blues, et définir une identité. Disraeli Gears sera bien à la hauteur de leurs ambitions artistiques.
Enregistré, selon la légende, en moins d’une semaine en mai 1967, l’album s’ouvre avec « Strange Brew », sorte de tube hybride à la croisée des chemins entre le blues le plus puriste et les envolées psychés du “summer of love“. S’enchaine le cultissime « Sunshine of your Love », dont le riff a été depuis joué par les apprentis guitaristes du monde entier.
Ces 2 morceaux ont littéralement propulsé le groupe vers la célébrité notamment aux USA. Avec « Dance the Night Away » on rentre dans un son un peu plus posé mais toujours aussi psyché, un morceau aux sonorités “dooresques“ qui nous embarque vers la côte ouest américaine pour une balade nocturne… On revient à des rythmiques blues avec « Blue Condition » et les autres morceaux de l’opus, excepté peut-être « We’re Going Wrong », morceau progressif qu’aurait pu reprendre David Bowie tant le son du morceau se rapproche de l’univers glam rock. On quitte Disraeli Gears au son d’une berceuse brinquebalante, « Mother’s Lament », qui nous laisse dans un état de flottement étrange (il paraitrait d’ailleurs que les 3 musiciens étaient un peu alcoolisés lors de l’enregistrement).
L’album s’est hissé en tête des charts britanniques et américains dès sa sortie. Cream, avec Disraeli Gears , a accédé au panthéon des icônes du rock. Mais le bonheur fut court, le groupe annonce sa séparation un an plus tard en 1968, les égos de Bruce et de Baker auront peut-être eu raison de ce groupe mythique. Clapton, quant à lui, est resté au sommet, et à la mort de Jimi Hendrix, il est devenu le plus grand guitariste du rock. Et l’Histoire n’a jamais vraiment détrôné « God », même 50 ans plus tard…
Marie-Laure Sitbon