Description
Il y a des découvertes qui vous envoûtent à la première écoute. Sans savoir vraiment pourquoi, l’univers de l’artiste vous paraît familier, l’émotion vous submerge immédiatement et vous n’avez qu’une envie une fois l’album arrivé à sa fin, retourner la face du vinyle pour savourer une nouvelle fois cette révélation. C’est sûrement ce que vous ressentirez quand vous écouterez Figurine de Wayne Snow.
Ce nigérian, Kesiena Ukochovbara de son vrai nom, est attiré par la musique dès son plus jeune âge et explore avec gourmandise tant les disques de ses compatriotes Fela Kuti ou King Sunny Ade que des intemporels de la soul anglaise ou américaine comme Sade ou Marvin Gaye. Il est également attiré par le mouvement afrofuturiste, notamment l’un de ses fers de lance, Sun Ra. C’est l’achat d’un synthétiseur par sa mère qui va l’amener à expérimenter ses premières compositions.
Arrivé en France pendant son adolescence, sa carrière est lancée suite à son déménagement à Berlin en 2013. Là-bas, il fait la connaissance du DJ et producteur Max Graef avec qui il va produire les titres de son premier E.P Red Runner qui sort sur le label danois Tartelet Records l’année suivante, suivi par le maxi Rosie.
Son premier album Freedom TV sort en 2017 et dévoile tout le potentiel du jeune artiste. En parallèle, il commence à côtoyer l’équipe de l’écurie Roche Musique, label parisien créé par Jean Janin, et dans laquelle il va commencer à collaborer sur plusieurs maxis avec des artistes comme FKJ, Darius ou encore Crayon. Ce dernier va jouer un rôle déterminant dans l’élaboration de son futur album Figurine, mais il va également s’entourer d’autres pointures de la scène actuelle comme par exemple les producteurs et arrangeurs italiens Nu Guinea, les fondateurs du label NRG Records, les berlinois de Brandt Brauer Frick ou le guitariste jazzman Oscar Jerome.
Avec trois années de travail entre Berlin et Paris, il en résulte un album qui, suivant la terminologie que l’on veut lui donner, navigue entre electro-soul, soultronica et future jazz. Mais surtout, Figurine est conçu comme une œuvre complète où la présence du directeur artistique Travys Owen dans la conception du visuel de la pochette et la réalisation des clips de trois titres (« Seventy », « Nina », « The Thrill ») se vit comme une expérience artistique à part entière ! Dans cet opus, il aborde la question de l’individualité et de notre moi profond : qui sommes-nous vraiment derrière les masques que nous arborons dans la société ? Quelles sont nos peurs, nos blessures, nos désirs profonds ? Ce thème lui a été révélé par la période Covid où les isolements et l’arrêt des activités ont bouleversé notre quotidien.
En dix titres, Wayne Snow arrive à transporter l’auditeur dans son histoire et ses interrogations. Porté.e.s par sa voix douce et hypnotisante autour de productions électroniques chiadées et subtiles, on se laisse embarquer d’un morceau à l’autre, en abandonnant toute résistance. Chaque titre a sa personnalité propre, du morceau d’introduction « Figurine » avec son breakbeat percutant et ses nappes planantes à « Magnetic » qui clôture l’album porté par la guitare jazzy d’Oscar Jerome, rien n’est laissé au hasard. Dans ce véritable puzzle qui nous propose une diversité d’émotion, on est bien sur absorbé.e.s par certaines mélodies comme celle du superbe « Seventy », du non moins classieux « Relativity », ou même encore de « The Thrill », un mid-tempo aux couleurs R&B. Il s’autorise également des incursions du côté de l’electro-funk avec « Nina » qui nous rappelle au passage sa capacité d’adaptation et certaines de ses collaborations aux sonorités plus house.
Nul doute que Figurine deviendra rapidement un de vos albums de chevet, d’autant que vous allez pouvoir profiter d’une version exclusive vinyle orange proposée par le Vinyle Club. Finalement on peut le dire ici aussi : orange is the new black !
Arnaud Brailly
L’ANECDOTE
La dernière collaboration de Wayne Snow sortie l’an dernier a été réalisée avec le Spirit of Sundaze Ensemble, un nouveau projet du label londonien Secretsundaze sur le titre « Mine to give ». Composé par Robert Owens et Photek, une des stars de la drum’n’bass anglaise des années 90/2000, celui-ci évolue dans un univers pop dansant (mais toujours avec une touche électronique) qui sied
à merveille à Snow ! Est-ce une collaboration éphémère ou un projet de long terme ? L’avenir nous le dira ! Affaire à suivre de près en tous cas…