Description
Damso aime les mots, pour leur sens et leur musicalité. Il a su redonner au rap francophone ses lettres de noblesse dans le sens originel de ce genre musical, c’est-à-dire du rythme, du flow et de la poésie.
L’artiste bruxellois est devenu un incontournable de la scène rap et c’est avec Ipséité, son deuxième album qu’on comprend mieux pourquoi.
On lui a parfois reproché ses textes crus et sulfureux mais après tout, c’est le propre des grands poètes que de naviguer en eaux troubles… Ipséité nous embarque comme un bateau ivre, dans l’univers tantôt sombre, tantôt bouleversant de ce rappeur multi facettes qui a su se faire une place à part dans un milieu très concurrentiel.
Un album à la créativité dévorante, loin des clichés du gangsta rap, et considéré comme son meilleur album à ce jour. Ipséité sort en grandes pompes et révélera au public ce grand artiste du verbe. Nos cœurs depuis « dansent la Macarena » avec cet artiste si singulier qui marquera cet âge d’or du rap français qu’est la fin des années 2010.
Il faut tout d’abord planter le décor d’Ipséité et rappeler l’histoire personnelle du rappeur : William Kalubi Mwamba, aka Damso, est né à Kinshasa au début des années 1990. Fuyant la guerre en République Démocratique du Congo, il s’installe en Belgique avec ses parents à l’âge de 9 ans. « Jeune africain devenu riche, j’ai quitté le pays sans papier » raconte le rappeur dans « Kin La Belle », morceau extrait de l’album qui rend un hommage saisissant à sa ville natale.
L’ adolescent meurtri qu’est William trouve refuge dans l’écriture et dans sa quête constante d’une identité perdue. Étudiant en psychologie à Bruxelles, il apprend l’art du flow et sort sa première mixtape en 2014 : Salle d’attente. La salle d’attente de sa vie et/ou de l’éclosion de son art… on retiendra que la mixtape attire l’attention de Booba, grand manitou du rap français, qui décide de le signer sur son label 92i et sort « Paris C’est Loin » en featuring avec lui. Damso se démarque par la fluidité de son flow, posé et froid, et par son charisme. William est prêt, les textes sont là et Batterie Faible sort quelques mois plus tard.
Tout de suite, l’univers de Damso détonne par la noirceur de ses textes, un rap calme mais abrupt, que les détracteurs jugeront vulgaire tant les lyrics sont crues, sexuelles, sombres, mais toujours d’une poésie désarmante. La fin des années 2010 est une période faste pour le rap français, la créativité et la variété des projets inondent les plateformes et Damso sait qu’il doit frapper fort pour sortir du lot.
Ipséité sort en avril 2017 : il est composé de14 titres, 14 bijoux qui resteront gravés dans le marbre du rap FR.
Le titre déjà, qu’on ne comprend pas vraiment au départ : “Ipséité“, un terme emprunt à la philosophie, plus précisément à la phénoménologie, qui englobe tout un concept sur « l’identité propre » qui fait qu’une personne est unique et absolument distincte d’une autre.
Un nom qui va donner le ton de l’album où chaque morceau est bien distinct de l’autre, mais qui forme pourtant un tout. « Signaler »,
« MosaÏque Solitaire », « Macarena », « Kin La Belle », « J’Respect R »… Ipséité est une usine à singles qui inondent très rapidement les ondes et les soirées. “Tout le monde danse la Macarena“ mais la noirceur est toujours là, comme le prouve le magistral « Mosaïque Solitaire », double morceau en un, ou encore le final cauchemardesque « Une Âme pour Deux », un bad trip qui nous plonge dans la crudité et l’effroi, comme pour dire que le point final n’est qu’un leurre, et que le réveil sera toujours difficile.
Ipséité est une claque dont on ne sort pas indemne, raison pour laquelle près de 8 ans après sa sortie, il revêt une intemporalité rare dans un rap français devenu un peu trop consumériste… Il est encore trop tôt pour l’auréoler de la médaille de « classique » du rap français, mais Ipséité se dirige tout droit vers cette autoroute de la reconnaissance.
Preuve en est, et fait rare dans l’industrie du disque, il est devenu l’année dernière double disque de diamant.
Damso n’aura de cesse de surprendre par la suite… jusqu’à annoncer une pause dans sa carrière en 2025 avec le très attendu BEYĂH …
To be continued…
Marie-Laure Sitbon
L’ANECDOTE
Sur le morceau« B. #QuedusaalVie », deuxième track d’Ipséité, les backs ont été enregistrés par un chauffeur de taxi.
Sans trop entrer dans les détails, l’auteur d’Ipséité a seulement précisé qu’il était deux heures du matin à ce moment-là, que ce taxi man n’était pas vraiment dans son état normal et qu’il a gardé ses backs. C’est lui qui fait : « j’fais que du sale hey hey » derrière. Tout est très bien.