Description
MACEO PARKER / Life on planet groove
« Maceo, I want you to blow » lui disait James Brown lors de ses concerts ! Et souffler dans son saxophone, Maceo n’a jamais cessé de le faire depuis son entrée dans l’orchestre du Godfather of soul en 1964. Il lui a fallu beaucoup de talent, d’audace, de ténacité et d’abnégation pour faire de lui ce qu’il est devenu aujourd’hui : une légende vivante, un passeur de relais et le saxophoniste le plus funky de la planète !
L’artiste a d’ailleurs très vite démontré (dès ses débuts) qu’il était un atout indispensable au funk naissant de Mr. Brown, car, que serait devenu le funk sans le jeu musical et syncopé de Maceo sur « Papa’s got a brand new bag », « I feel good », « Cold Sweat » ou encore « Sex Machine » ?
Sa place incontournable ne l’empêche pas, lassé de l’autoritarisme et des retenues de salaire imposées par son boss, d’organiser une fronde et de quitter finalement une première fois le sérail pour lancer son propre projet en 1970 : Maceo & All The Kings Men. D’excellente facture, le premier album Doing their own thing précédé par un single « Got to get’cha » qui fait une courte apparition dans les charts soul ne rencontre pas le succès escompté. Deux ans plus tard, Funky music machine passe encore plus inaperçu. On apprendra finalement que James Brown, payait les radios pour que ne soient pas diffusés les titres de Maceo ! Ce dernier n’a d’autres choix finalement que de réintégrer les rangs de Mister Dynamite en 1973. En tentant de lui laisser une place plus prépondérante dans les JB’s aux côtés de Fred Wesley et tout en maîtrisant tous les contours, l’album US sort en 1974 sous le nom de Maceo & The Macks (accompagné en fait par Mr. Brown et The JB’s).
En 1976, une nouvelle rupture avec James l’amène à créer avec Fred Wesley, Richard “Kush” Griffith et Rick Gardne The Horny Horns. Cette prestigieuse section de cuivres intègre le groupe Parliament de George Clinton puis le Bootsy Rubber’s Band de Bootsy Collins, tout en enregistrant deux albums en nom propre à la fin des 70’s. Mais au début des années 80, bien qu’étant toujours présent sur différentes sessions studios ou quelques concerts d’autres artistes, la présence du talentueux saxophoniste se fait plus confidentielle.
Pourtant, au début des années 90 le vent tourne Outre-Atlantique. Depuis le milieu des années 80’s le hip-hop a largement samplé James Brown et ses musiciens et dans l’univers soul-funk, la tendance est au retour de la musique acoustique jouée par de vrais musiciens, comme le montre l’arrivée de l’acid jazz au Royaume-Uni. Rien d’étonnant à ce que des artistes tels que Maceo Parker reviennent sur le devant de la scène. C’est Minor Music, le label allemand de Stephan Meyner, qui décide de relancer sa carrière en 1990 avec Roots Revisited et Mo’ Roots, deux albums distribués aux USA sur le célèbre label de jazz Verve. Très bien accueillis, ils arriveront même à faire une percée dans les charts jazz ! Il part alors en tournée, notamment aux USA et en Europe, et se rend compte qu’un public éclectique de tous âges est au rendez-vous !
C’est dans ce contexte que va être enregistré le live Life on Planet Groove, les 5, 6 et 7 mars 1992 au Stadtgarten Restaurant de Cologne.
Cet album, devenu culte depuis, marque la nouvelle naissance du saxophoniste : c’est celui qui le fait passer de Maceo à Mr. Parker, celui qui assoit définitivement sa légende, le faisant passer de sideman de talent à chef d’orchestre et gardien du temple groove ! Conscient que l’union fait la force, il a su s’entourer de ses anciens colistiers de The Famous Flames et des JB’s que sont le tromboniste Fred Wesley et le saxophoniste ténor Pee Wee Ellis. A l’époque inséparables, ils sont souvent présents sur des albums communs et partent régulièrement en tournée ensemble. Il est également accompagné par une jeune garde plutôt douée : le guitariste Rodney Jones, l’organiste Larry Goldings et le batteur Kenwood Dennard ayant accompagné le bassiste Jaco Pastorius.
A ça s’ajoutent quelques guests de choix comme Kym Mazelle au chant, une des égéries des chanteuses à voix dans l’univers dance/house de l’époque, Vincent Henry bassiste et saxophoniste du groupe culte de funk 80’s, Change, ou encore la jeune saxophoniste alto néerlandaise Candy Dulfer alors âgée de seulement 22 ans mais qui a déjà quelques trophées à son actif : un tube avec Dave Stewart (« Lily Was here »), un premier album solo (Saxuality) et sa participation sur les albums de plusieurs stars (Prince, Aretha Franklin, Van Morrison…).
Autant dire que le line up en fait encore rêver plus d’un aujourd’hui !
Côté répertoire, le concert navigue entre des anciens tubes de James Brown ou des Jb’s, des titres de ses albums plus récents et des reprises.
Tout commence avec « Shake everything you’ve got », réinterprétation de son titre « Southwick », paru pour la première fois en 1970 sur son album Doing their own thing et repris en 1990 sur l’album Mo Roots. En y ajoutant ce fameux refrain chanté, Maceo en fait l’un de ses hymnes devenu depuis incontournable dans tous ses concerts. Le ton est donné, la mise en bouche commence fort et le public est averti : il va falloir bouger tout ce que qui peut l’être !
Le combo ne lâche pas la pression et enchaîne avec le classique de The JB’s : « Pass The Peas » pour une version d’anthologie de plus de onze minutes ! Les riffs de cuivre vous entraînent dans un tourbillon ininterrompu de pur plaisir. Au milieu du morceau, un extrait du « P-Funk (Wanted to get funked up) » de Parliament, nous rappelle que Maceo a aussi écrit un pan de l’histoire du Pure Funk auprès de George Clinton !
Kym Mazelle apparaît alors pour chanter le classique « I got you (i feel good) » que l’on ne présente plus et poursuit avec le titre « Got to get u », un titre de Maceo ici encore extrait de son premier album et sorti à l’origine sous le nom « Got to get cha ». Le groove ondulant est ici encore tout bonnement irrésistible !
Le jeu se calme avec une réinterprétation instrumentale du tube mid-tempo « Addictive love » de Cece & Bebe Winans sorti l’année précédente aux USA. Candy Dulfer se joint alors à Maceo pour un duo de saxophone sensuel et hypnotique. Ils rejoueront d’ailleurs régulièrement ce morceau sur scène par la suite.
Le tempo descend encore d’un cran avec la ballade « Children’s World » extraite de son album Roots Revisited, très inspiré rythmiquement par le « Man’s man’s world » de James Brown.
Maceo Parker n’oublie pas son hommage à Ray Charles, un des artistes qui l’a le plus influencé avec « Georgia on my mind ». D’ailleurs, il ira jusqu’à faire appel à un big band quinze ans plus tard, en 2007 pour une tournée constituée à la fois de son répertoire et de celui de brother Ray.
Enfin, le final en véritable feu d’artifice invite tous les musiciens sur scène pour une réinterprétation du « Soul Power 74 » sous le nom de « Soul Power 92 » ! Tout le monde s’en donne à cœur joie dans cette apothéose et le public semble en demander encore, à peine rassasié par l’énergie dégagée et la complicité des artistes qui ont défilé sur scène.
Life on planet groove deviendra un album culte au fil des ans et l’entrain de Maceo Parker à explorer les quatre coins de la planète pour prêcher la bonne parole du funk lors de concerts épiques dépassant parfois les trois heures lui permettra à chaque fois d’augmenter le nombre de ses adeptes, toutes générations confondues.
Dans les années 2000, un certain Prince connu aussi pour sa rigueur artistique et organisationnelle ne s’est pas trompé lorsqu’il l’a invité à enregistrer plusieurs titres sur ses albums et à l’accompagner en tournée !
A l’âge de 75 ans et après plusieurs albums solo, Maceo n’a plus rien à prouver à personne, et telle un légende vivante inépuisable, il continue sans doute à faire de la musique jusqu’à son dernier souffle. Long live Mister Parker !
Discographie sélective sous son nom :
1970 : Doing their own thing (avec All The Kings Men)
1972 : Funky Music Machine (avec All the Kings Men)
1974 : Us (avec The Macks)
1990 : Roots Revisited
1990 : Mo Roots
1992 : Life on a planet groove
1994 : Soundtrack
1998 : Funkoverload
2000 : Dial Maceo
2007 : Roots & Groove
2018 : It’s all about love
L’anecdote :
La rencontre entre Maceo Parker et James Brown s’est faite sur un coup de bluff ! En effet quand en 1964 Melvin Parker (batteur et grand frère de Maceo) rencontre James Brown, il essaye également de placer son petit frère dans l’orchestre, alors âgé de 20 ans. James à la recherche à cette époque d’un saxophone baryton demande à Maceo si il sait en jouer ! “Yes of course Mr Brown” répond l’intéressé, alors qu’il ne sait en fait jouer que du ténor ! Finalement il trouve un saxophone baryton et s’entraîne suffisamment pour que James le trouve convaincant. Maceo pensait que leur collaboration ne durerait que 6 mois ! Elle durera plusieurs décennies, par intermittence !
Arnaud Brailly