Description
Quand on évoque MGMT, souvent c’est un nom qu’on écorche (« on prononce ou on épelle ? ») et surtout un banger qui surgit de nos souvenirs musicaux : « Electric Feel », à la rythmique imparable, d’une efficacité intemporelle.
Et pourtant, attention aux cheveux blancs, ce titre et l’album dont il est extrait ont 17 ans ! Oracular Spectacular est le premier album de ce duo d’étudiants du Connecticut un peu loufoques, Andrew Vanwyngarder et Ben Goldwasser, sorti en octobre 2007, et leur plus grand succès.
C’est un peu tout le “drame“ de ce duo lunaire à l’air désinvolte mais dont les investigations musicales n’ont jamais cessé jusqu’à Loss Of Life sorti au printemps dernier : un succès planétaire sur un premier opus, qu’il a été compliqué de renouveler ensuite tant ce raz-de-marée populaire les a dépassé….
Au départ, Ben et Andrew sont des étudiants de bonne famille, dans une sage bourgade du chic Connecticut, et décident de triturer et d’expérimenter des sons, fruit de leurs nombreux voyages au pays des champignons hallucinogènes. En 2002, ils se donnent un nom, The Management, comme pour railler les élites des campus qu’ils fréquentent. L’entité est née, ne reste plus qu’à lui trouver un public et une identité, entre rock psyché, pop et électro. Ils composent le fameux « Time To Pretend » en 2005 et grâce à ce titre qu’ils sortent en maxi, ils vont faire les premières parties d’Of Montreal. Les choses deviennent sérieuses en 2006, lorsqu’ils signent un contrat avec Columbia, major qui leur offre un juteux contrat sur 4 albums. The Management devient MGMT et Columbia leur offre les services de Dave Fridmann, brillant producteur des Flamings Lips et de Mercury Rev. Excités par cette nouvelle, Andrew et Ben présentent à Dave quelques morceaux qu’ils avaient déjà composé, comme « Time to Pretend, » ou encore « Kids ». Une émulation qui s’avèrera très fructueuse puisqu’ils donnent naissance, 21 jours plus tard, à Oracular Spectacular. « On se tirait dessus avec des pistolets à billes entre chaque prise et on mangeait des pizzas et des bâtonnets de poulet, et c’était vraiment des moments géniaux » racontera Andrew pour raconter la fantaisie enfantine qui enveloppa la fabrication d’un des albums électro-pop les plus marquants des années 2000.
Cet opus, qui marquera à jamais l’histoire de la pop moderne, voit le jour le 2 octobre 2007. Les deux garçons ont créé un album sans limites, n’hésitant pas à puiser leurs inspirations dans les mouvements hippie, psychédélique et disco. Un disque ovni, patchwork des genres qui semble confus mais qui a engendré des miracles comme « Electric Feel » ou « Kids » et bien évidemment « Time to Pretend » (une ode au morceau « Dancing Queen » d’Abba) qui restent à ce jour leurs plus grands tubes. Et si ces 3 titres sortent leur épingle du jeu, Oracular Spectacular contient des petits bijoux oubliés comme « WeekendWars » ou « The Youth » aux sonorités presque british. Ben et Andrew, la vingtaine bien entamée, incarnent alors cette jeunesse cool, téméraire et avide de découverte : « this is our decision to live fast and die young » devient alors le mantra de toute une jeunesse. Dès lors, tout s’enchaîne pour MGMT : les ventes explosent (plus d’1 million de copies dans le monde) les festivals s’arrachent le groupe, les radios s’abreuvent de ses tubes, et la vague électro y a ajouté une couche : en France Justice – alors au sommet de sa gloire – ne manqua pas de s’inspirer des effluves disco d’ « Electric Feel ».
Mais en frappant si fort d’entrée, Andrew et Ben ont mis la barre tellement haut qu’ils n’ont depuis cessé de courir après des mélodies aussi étincelantes que celles de leur premier album. Rolling Stone l’a classé 18ème meilleur album de la décennie.
Aujourd’hui encore, Oracular Spectacular reste dans toutes nos mémoires.
Il n’est pas rare d’entendre dans des séries ou des films des morceaux tirés de cette pépite indie. Les deux musiciens, probablement dépassés par ce succès, ont préféré se consacrer à leur art avec des albums un peu moins faciles d’accès. Congratulations , l’album qui a suivi 3 ans plus tard, illustre ce tournant plus expérimental de leur carrière. Mais grâce à leur premier opus ils ont pu ouvrir la voie, que dis-je, l’autoroute pour des groupes « indies » comme Metronomy, Empire of The Sun ou encore Tame Impala. MGMT n’est certainement pas le groupe d’un album (on vous invite fortement à découvrir tout le reste de leur discographie) mais Oracular Spectacular reste pour l’instant leur chef-d’œuvre.
Marie-Laure Sitbon
L’ANNECDOTE:
En 2008, la chanson « Kids » a été utilisée dans un meeting de l’UMP sans aucune autorisation. Pour s’excuser, le parti de Nicolas Sarkozy a proposé la somme d’1€ symbolique au duo. MGMT a refusé et l’a attaqué en justice en janvier 2009. « Ce qui nous a poussés à agir, c’est le fait que la France essayait de faire adopter en même temps cette législation anti-piratage stricte qui punirait les téléchargeurs illégaux » avait déclaré à l’époque Andrew. L’affaire a été enterrée en avril 2009 après que l’UMP a versé 2 500€ de frais juridique et 30 000€ pour bris de droits d’auteur. MGMT a reversé l’argent à une association de défense des droits des artistes, preuve que leur combat était avant tout une affaire de principes…