Description
Ecouter Big Calm de Morcheeba c’est un peu comme se blottir en hiver au coin du feu avec un plaid et un bon chocolat chaud (ou un grog, au choix !). C’est doux et sucré, familier et réconfortant, et ça donne envie d’y revenir souvent. Et c’est peut-être bien là tout l’audacieux pari de ce deuxième album du trio britannique qui, tout en étant estampillé trip hop (terme qu’ils n’aiment pas), parvient à créer le pont entre Portishead et Massive Attack tout en naviguant dans des contrées bien moins pop qu’il n’y paraît de prime abord. Le groupe est mené de main de maître par les frères Godfrey : Paul, DJ et producteur et Ross, multiinstrumentiste. Originaires de Saltwood, petite ville du Kent, ils déménagent à Londres à la fin de leur adolescence. C’est là, au milieu des années 90 lors d’une soirée à Greenwich qu’ils rencontrent Skye Edwards, chanteuse et guitariste dans un groupe de funk local. Le courant passe rapidement entre nos trois protagonistes qui décident de créer le groupe Morcheeba (soit littéralement “More Cheeba“, “plus d’herbe“ en français et on ne parle pas de gazon ici, bien entendu…!).
En octobre 1995, sort l’E.P Trigger Hippie suivi six mois plus tard de Who can you trust ?, tout premier album qui mélange leurs influences : hip-hop, rock psychédélique et soul. Toutefois, l’album reste très influencé par les artistes de Bristol, référence absolue à l’époque. La voix au goût de miel de Skye Edwards fait des merveilles et permet au groupe de marquer son identité dès le début. Ce premier à succès les amène à faire une tournée à travers l’Europe et en Amérique du Nord avant de retourner en studio. Il faut attendre 1998 pour que leur second disque voie le jour. Big Calm, c’est avant tout une pochette d’album reconnaissable entre toutes, inspirée par celle du musicien Ray Conniff sur sa compilation de 1966 : Hi Fi Companion.
Sur fond rouge, une femme assise dans un fauteuil semble laisser son esprit vagabonder sous le regard bienveillant d’une statue de Bouddha posée à côté d’une platine vinyle. Surement la pochette la plus lounge de son histoire ! On y retrouve les hits qui restent encore aujourd’hui des grands classiques du trio, notamment « The Sea » et « Blindfold » où les rythmiques mid tempo côtoient ambiances et chant éthéré et planant de Miss Edwards. Et si cette dernière reste le fil conducteur du L.P, c’est pour mieux permettre à Ross et Paul d’expérimenter leurs envies musicales et les transposer sur leurs morceaux. La sitar et les tablas de « Shoulder holster » nous font voyager du côté de contrées indiennes, la pedal steel de « Part of the process » et « Diggin’ in a watery grave » leur confèrent quant à elles un côté blues. « Over and over » préfère explorer la folk music alors que « Friction » se la joue reggae avec un featuring du toaster londonien Spikey T. Enfin, deux instrumentaux hip-hop plus atmosphériques et torturés, « Bullet Proof » et « Big Calm » permettent de démontrer que les deux frères ne sont pas simplement des faiseurs de tubes pop ! Cohérent du début à la fin, bien que proposant des reliefs différents, Big calm reste encore aujourd’hui l’album de référence de Morcheeba, et peut être sans aucun doute rangé dans les albums incontournables des 90’s et à posséder dans sa discothèque évidemment. Ce n’était pas votre cas ? Et bien voilà, c’est désormais chose faite !
Arnaud Brailly