Description
Le français Superpoze fait partie de ces artistes inclassables, qui d’ailleurs n’ont aucune envie de l’être, tant leur vision de l’art est multiple et, surtout et avant tout, guidée par l’émotion.
En effet, Gabriel Legeleux à l’état civil, caennais d’origine, manie avec autant d’aisance ses machines que son piano, ce qui lui confère une capacité à explorer avec une infinie curiosité la voie de tous les possibles.
Son initiation à la musique démarre assez jeune avec le beatmaking. En 2010 il sort From The Cold, son premier EP aux tonalités downtempo, puis son projet Lost Cosmonaut, alors qu’il est à peine majeur ! Totalement indépendant, il décide deux ans plus tard de créer son propre label, Combien Mille Records, qui lui permettra de laisser libre court à son imagination musicale sans limite. Enchaînant les projets (dont un maxi chez Kitsuné) et les collaborations (Stwo ou encore Kuage, deux side projects), il sort son premier album Opening en 2015. A mi-chemin entre ambient et abstract hip-hop, à la fois psychédélique et feutré, ce dernier se fait remarquer positivement par la critique mais aussi par ses pairs.
Cette carte de visite lui permet alors d’explorer des contrées créatives éclectiques, ce qui lui sied à merveille : productions pour Lomepal, Dj Pone, Eddy de Pretto, Nekfeu ou Alex Beaupin, bandes sonores pour des documentaires (A Voix Haute), bandes originales de film (La Source, Frères Ennemis) et projets théâtraux laissent une impression d’hyperactivité à en donner le tourni !
Surtout, il trouve entre temps suffisamment d’énergie pour sortir son deuxième véritable album For The Living en 2017, qui parle
de la fin du monde, sujet qui, s’il est chargé de peu d’optimisme, arrive en tous cas encore une fois à toucher son public et à finir de convaincre les retardataires.
Avec tous ces projets parallèles il faut près de 5 ans pour que son troisième album Nova Cardinale ne voie le jour. Enregistré avec sa boite à rythme TR-909 et son piano, cet album est encore plus épuré que les précédents, à tel point que l’on peut parler
ici de néo-classique. Et ce d’autant qu’il utilise des instruments traditionnellement joués dans la musique classique, voire baroque : viole de gambe, flûtes à bec, violoncelle… menant cette rencontre étonnante et réussie entre traditions et modernité !
Dès le triptyque introductif « Air / Parabel/ A Ballet of Life and Death », on embarque dans son univers qui joue sur l’émotion de l’auditeur. C’est onirique, comme la bande son de son propre film.
Que ce soit sur « Avril, mai », « To Build a Fire » ou sur « Cardinal Point », le producteur normand nous laisse nous imprégner des ses mélodies qui nous prennent parfois à rebrousse-poil tout en nous laissant dépendants de ses sonorités intemporelles. Et quand le côté électronique revient à la charge comme sur « Naïades », il est contrebalancé par les chœurs vaporeux de voix hypnotiques.
Pour parfaire l’œuvre qu’est Nova Cardinale, de très beaux clips sont venus compléter cette musique imaginée comme une histoire à écouter d’une traite, à l’instar du roman d’une vie qui alterne entre douceur et mélancolie. Une belle réussite qui prendra de plus vie sur votre platine avec un vinyle 180g en pelliculage rainbow !
Vous n’avez plus qu’une chose à faire : fermer les yeux et vous laisser guider par Superpoze !
Arnaud Brailly