Description
Certains le considèrent comme le meilleur album des Beatles, d’autres comme un des meilleurs albums de tous les temps, bref les éloges sur Revolver, 7eme album du groupe n’en finissent pas de fleurir même plus de 50 ans après sa sortie.
Classique parmi les classiques pour le groupe le plus illustre de l’histoire de la pop, Revolver marque un tournant pour les Fab Four, qui vont délaisser leurs petits uniformes de gendres idéaux pour pénétrer dans une ère plus psychédélique.
Depuis la sortie de Help en 1965, Paul, John, Georges et Ringo ont décidé de froisser le costume et voyager vers des territoires plus lointains de la créativité. Sorti 6 mois auparavant, Rubber Soul inaugurait cette période phare et prolixe, la plus créative du groupe. Avec Revolver, on est carrément dans un tournant. Les “gentils“ Beatles vont devenir “plus célèbres que Jésus“ comme aimait à le dire Lennon.
Continuant d’explorer des territoires sonores inconnus, les Beatles livrent un recueil de quatorze chansons à la fois bigarrées et incroyablement homogènes, creusant les styles, envoyant définitivement valser le protocole et leur songwriting propret des débuts pour multiplier les parenthèses hallucinées : Ringo Starr semble avoir mangé des champignons magiques sur « Yellow Submarine », John Lennon se fend d’un hommage à son dealer sur un « Doctor Robert » fringant, quand il ne décide pas d’inverser les guitares sur un « I’m Only Sleeping » torturé.
Autre fantaisie notable, il n’hésite pas à psalmodier des passages du Livre tibétain de la vie et de la mort sur un « Tomorrow Never Knows » construit sur des boucles sonores signées par un McCartney alors épris de musique concrète. « Macca » est lui aussi dans une forme olympique et multiplie les pop-songs miraculeuses : qu’il s’agisse des amoureuses « Here, There and Everywhere », « For no One », ou de l’orchestrée « Eleanor Rigby », il se débarrasse définitivement de son costume de gentil chanteur souriant et livre une immense leçon d’écriture à tous les songwriters pop du demi- siècle suivant. Cela n’empêche pas la paire Lennon/McCartney de laisser la main à l’ami George Harrison sur deux titres impeccables, dont un étonnant « Love You to » qui voit le guitariste flirter pour la première fois avec les sonorités indiennes.
Revolver assène donc un coup fatal à l’image gentillette des ces 4 garçons dans le vent. Las des concerts incessants, l’album marque aussi
la fin de la scène pour le groupe. Revolver est typiquement un album de studio, tellement élaboré, construit sur tellement de pistes, qu’il est quasi impossible de le jouer en live. Petit bijou d’innovation musicale et de nouveaux effets sonores en tout genre, l’influence de Revolver continuera encore des décennies d’influencer la pop musique…
La signature d’un chef d’œuvre, donc.
Marie-Laure Sitbon