Description
On peut s’appeler Mon Cul et faire preuve d’une certaine élégance. Ainsi va la Folk exotique de My Ass, pondue par l’ami André, frère de David-Ivar « Yaya » avec qui il avait fondé le mythique Herman Düne (qui a perdu son tréma au départ d’André en 2006, juste après l’album Giant). Parfois un groupe se sépare, et c’est peut-être un mal pour un bien : Herman Dune a continué sa route avec Lisa, la sœur des deux frères, et le succès que l’on connaît. En 2015, Black Yaya a même sorti un album solo, plus électrique et produit, où il assume son côté Electro-pop avec Paint a smile on me (tube mondial… on peut être riche et rester hippie), et quelques ballades ténébreuses entre Dylan et Eels.
C’est donc André qui reprend désormais le flambeau Anti-folk (une Folk ni punk, ni soumise) et Lo-Fi d’Herman Düne. Lo-Fi c’est enregistrer la musique avec des moyens rudimentaires, à dessein. Un dérivé de l’Art brut, plus spontané, sans prétention culturelle ni démarche intellectuelle. Le Lo-Fi s’oppose à la « haute-fidélité » Hi-Fi, à laquelle certains musiciens underground reprochent un son trop propre et pasteurisé.
Petit aparté entre deux digressions : l’un des pères de l’Anti-folk Lo-Fi est Daniel Johnston, mélodiste maudit des années 80 qui enregistrait ses chansons d’amour sur des K7, sur le boîtier desquelles il collait un dessin. Arrivé trop tard pour être un Beatles, pas assez Grunge pour être Nirvana, il est devenu cinglé et obèse. Nous éprouvons malgré tout une affection sans limite pour ce quinquagénaire débraillé, alors un jour il sera Président d’honneur et de grâce du K7 Club sur lequel repose probablement tout l’avenir du Vinyle Club. Bref, n’hésitez pas à vous intéresser à Johnston, son histoire fascinante est narrée dans le documentaire The Devil and Daniel Johnston, disponible en streaming gratuit sur Youtube.
Mais revenons-en à André, qui devient donc Stanley Brinks pour continuer à prêcher la bonne parole avec des moyens rudimentaires, ce qui lui permet de laisser toute la place qu’elle réclame à sa poésie balafrée et chargée d’autodérision (My Ass). Bizarrement on retrouve chez Stanley la patte d’Herman Düne bien plus que chez Black Yaya, alors que c’est la voix de Yaya qui portait la musique de la fratrie. Comme quoi les frangins ne sont pas si éloignés l’un de l’autre…
Stanley Brinks promène sa nonchalance toute suissesse (les Düne sont un peu Helvètes) sur des mélopées citoyennes du monde : l’album commence comme une aubade à dos de chameau (Camel), puis nous emmène sur la côte mythique de Brighton, jusqu’à la mystérieuse Balluta Bay (à Malte, dernier titre de l’album), en passant par Berlin.
Et c’est là que The Wave Pictures entre en scène, pour asseoir My Ass avec fougue et délicatesse, comme une évidence. The WP est un groupe anglais, Pop mais pas Brit-pop, dont le romantisme ne pouvait les mener qu’à Stanley. Ou est-ce la mélancolie de Stan qui ne pouvait accoster ailleurs qu’à flan de cette vague pittoresque ?
En tout cas on peut dire que le mariage fonctionne. Au Vinyle Club nous avions failli « pépiter » Gin, le précédent album imbibé de Stanley Brinks and The Wave Pictures (2014). Pour My Ass on n’a pas tortillé, et on a même presque réussi à éviter le jeu de mots de trop dans cette chronique. A posteriori.
Djaï
ANECDOTE : LES MIXTAPES DES WAVE PICTURES
The Wave Pictures est un groupe hors du temps, leur leader le reconnaît : « Je n’écoute aucun disque réalisé après 1975. » Leur discographie déjà riche d’une quinzaine d’albums (quasiment un par an), c’est en plus le seul groupe de rock du 3e millénaire à enregistrer des mixtapes et à les offrir à ses fans pour Noël. On y trouve notamment des chansons « recettes de cuisine » comme How to draw a sandwich, gravées sur des CD distribués à la fin des concerts. Daniel Johnston si tu nous lis…
CHRONO DES MEILLEURS NOMS DE DISQUES DE THE WAVE PICTURES
1998 : Just Watch Your Friends Don’t Get You
2003 : More Street, Less TV
2005 : The Hawaiian Open Mic Night
2007 : We Dress Up Like Snowman / Now You Are Pregnant
2008 : Strange Fruit For David
2008 : Instant Coffee Baby
2009 : Watching Charlie’s Angels
2011 : Beer in the Breakers
2012 : Salt EP
2014 : I Could Hear The Telephone (3 Floors Above Me)
2015 : Great Big Flamingo Burning Moon