Description
Tu te souviens ? Dis, tu te souviens ?
Te souviens-tu de ces longs périples lumineux en R21 ? Tes parents à l’avant, fenêtres ouvertes, clopes au bec, sans ceinture, sièges brûlants, l’autoradio encastrable crachant avec peine le son d’une cassette à jamais gravée dans ton hyppocampe… Ces pianos brillants comme des diamants, ces saxos perdus dans l’espace, et ces voix ? CETTE voix (des 2 chanteurs de Supertramp, j’ai toujours préféré Hodgson à Davies) ! Supertramp, Breakfast in America… Chaque époque a la «sonate de Vinteuil» qu’elle mérite.
1979, naissance du Punk, climax des Babylone américaines : la New York des Youpies, la Miami des Scarfaces, et la ville d’adoption du groupe : Los Angeles. Car malgré cette Big Apple toute en sauces et salières aperçue par le hublot de la pochette, c’est bien de la Cité des Anges qu’il est question au fil de Breakfast in America.
Gone Hollywood annoncent Hodgson et Davies, nous annonçant par la même la couleur musicale de ce sixième opus ; Rhodes et Wurlitzer acérés, saxs et autres clarinettes ultra reverbérées, et voix haut perchées parant de mille feux des textes sombres, lucides et naïvement tragiques sur le déclin moral de l’empire américain.
Lis s’il te plaît les paroles de «Logical Song», de «Goodbye Stranger», «Breakfast in America» ou «Take the long way home»… Candides au pays de Carter, Zadigs albionnais au pays de Schwartzy… Ou ne lis rien.
Tu les connais ces paroles en réalité.
Un grand disque parle de lui même : 5 tubes mondiaux, 22 millions d’albums vendus. Un grand disque résonne dans l’inconscient de l’humanité, forge les âmes d’enfants, et oriente l’histoire de ceux qui l’écoutent. Oui, depuis sa pochette jusqu’au son de l’album je te le concède, cette œuvre est kitsch. De l’allemand kitschen «ramasser des déchets dans la rue». Pour un groupe qui s’appelle littéralement «Super-Clochard» on touche au sublime…
Et puis merde, tu sais où tu peux te les coller tes adjectifs ? Au cul de cette fille sublime qui dansera éternellement sur ces hits parfaits, et que tu regardes, et que tu aimes, et dont tu te souviens. Alors pose ce vinyle sur ta platine, «press Play» et souviens toi…
Julien Bensé