Description
Dés qu’on prononce le nom de Tom Waits, immédiatement vient à l’esprit sa voix, ultra grave, rocailleuse, la fumée de cigarettes, les fins de nuits dans le New York embrumé des années 80…Tom Waits a souvent été enfermé dans ses propres clichés de crooner vagabond… Mais est ce vraiment un mal ? Se replonger dans un album de Tom Waits, c’est comme se servir un bon vieux whisky, 15 ans d’âge…on sait d’office que nos oreilles peuvent se lover sans hésitation dans les méandres suaves de ses chansons, de sa voix unique, de ses textes absurdes et poétiques. Pour nos belles et longues soirées d’automne, le Vinyle Club a frappé dans le mil : Blue Valentine est un album cosy, aux couleurs chaudes, entre blues et jazz, à écouter bien assis dans son canapé, en attendant l’hiver et ses premières frimas…
Blue Valentine est le 6ème opus du chanteur. Sorti en 1978, il fait partie de la première période musicale du ténébreux crooner : une période plus jazzy à l’époque où Tom le californien jouait encore dans les night-clubs du West Hollywood. Ce n’est qu’en 1980 que Tom Waits débarque dans ce New York qui lui collera à la peau définitivement. Mais à l’époque de Blue Valentine, le jeune Tom (il n’a pas encore 30 ans) mène une vie à mi chemin entre le musicien professionnel et le vagabond, une vie de bohème dans laquelle il se brulera les ailes et un peu la voix aussi. Certains fans du chanteur considèrent Blue Valentine comme un de ses chefs d’œuvre, d’autres lui préfèrent « Rain Dogs » plus sombre, plus onirique… Les gouts et les couleurs, l’œuvre de Tom Waits est tellement prolixe (18 albums en 30 ans, tout de même) qu’au final chacun peut s’y retrouver.
La carrière musicale de Tom Waits débute vraiment en 1971, à Los Angeles, cité des anges, ville des freaks. Vivant de petits boulots, il a appris tout seul la guitare puis le piano. Très influencé par la Beat Generation et surtout Jack Kerouac, il se met à écrire des histoires peuplées de « vagabonds célestes » et de losers magnifiques. Ces personnages marginaux ne quitteront plus jamais vraiment ses textes, et sa voix, éraillée, grave, mi parlée mi chantée, incarne à la perfection ces créatures, à la frontière de la folie….
Très inspiré par le blues et le jazz, Blue Valentine transporte dès la première écoute vers les pubs de la Nouvelle Orleans, ou les rues désertes au petit matin dans le New York des années 70. Pourtant produit et enregistré à Los Angeles, cet album est un concentré de voyage à travers tout le pays. De « Somewhere », reprise d’un titre de la comédie musicale « West Side Story » à « Blue Valentine » dernier morceau très jazz de l’album, en passant par « Kentucky Avenue », du nom de la rue où a grandi Tom, on se ballade dans une mélancolie chaude, on écoute le crooner et ses histoires d’amours contrariées, bercé par sa voix encore jeune et pas totalement éraillée à l’époque…
Blue Valentine est un petit bijou, et Tom nous en offrira encore pleins d’autres, sa musique est si imagée qu’elle se transformera souvent en bande son pour le cinéma, notamment avec Francis Ford Coppola ou Jim Jarmush, pour lesquels il deviendra aussi acteur…Mais ça c’est une autre histoire, arrêtons nous un instant sur Blue Valentine, le temps d’un automne…