Description
Il faut être joueur pour appeler son groupe ainsi ! C’est certain que Kio est plus facile à prononcer pour nous, Français, mais c’est nettement plus difficile à écouter que le groupe que nous vous proposons ce mois-ci. Pardon, je suis d’humeur joueuse moi aussi ! Il faut dire que les garçons du Vinyle Club m’ont emmenée découvrir sur scène ces trois ovnis la semaine dernière et depuis, je ne suis que joie. Oui, joie! Alors que l’album est d’une grande mélancolie, l’arrangement rock-psychédélico-funk crée la surprise en étant d’une brillante gaité, avec une mention spéciale pour le titre « Stage or Screen ».
Le trio néo-zélandais évoque dans ce troisième album un thème riche en sentiments contrariés & contradictoires : le triangle amoureux, celui qui relie trois âmes par des liens invisibles tissés avec toute la complexité que cette relation peut engendrer. Ruban Nielson, la tête pensante du groupe mais aussi la voix et la guitare illustre ces liens tortueux aussi bien dans les paroles que dans une musique ambitieuse et dingue. Les sentiments forts que sont le désir, la peur, la perte ou l’envie sont traduits par une toile musicale dense et sinueuse.
Un thème différent des deux précédents albums mais qui confirme la profondeur de ce groupe. Dans leur second opus, Ruban Nielson chantait « L’isolement peut te mettre un flingue dans les mains” sur From the Sun.
C’était après avoir passé toute l’année 2012 sur les routes avec ses deux amis, découvrant ainsi la solitude d’une tournée sans fin. Des garçons sensibles, torturés et complexes, transpirant leurs émotions dans leur musique. Une complexité musicale réussie grâce l’âme bricoleuse du leader ! En savant fou, Nielson a bidouillé des connexions entre plusieurs instruments, en réparant et recâblant de vieux synthés entre eux, réussissant à créer des sons nouveaux et improbables. Entre lo-fi et hi-fi, sons zinzins, guitares syncopées et mellotrons volants, l’oreille est surprise et chatouillée à chaque titre. Et vos jambes ne peuvent s’empêcher de danser. Vous êtes embarqués.
Parfois plane l’ombre d’un Prince mutant qui nous embarque vers une galaxie seventies, parfois on s’imagine en minuscule Alice trébuchant sur les touches d’un immense clavier, parfois encore on se croirait dans un scaphandre du film Aquatic de Wes Anderson.
Quand je vous dis qu’ils sont génialement fous ces néo-zélandais ! Et si je devais résumer les sentiments que procurent cet album, j’emprunterais volontiers une phrase de Victor Hugo,
« La mélancolie, c’est le bonheur d’être triste».
Audrey Tinthoin