Description
Quel est le point commun entre Norah Jones, Aloe Blacc, Wu Tang Clan, Texas, The Black Keys ou Madlib ? Avoir côtoyé un jour le talentueux Leon Michels, leader et fondateur de El Michels Affair !
Si ce nom ne vous dit rien, il est pourtant l’un des acteurs majeurs de la scène soul-funk new-yorkaise de ces deux dernières décennies et peut se targuer d’être crédité plus de 400 fois sur des collaborations diverses en tant que producteur, musicien ou arrangeur. Et cet artiste prolifique (certains diront stakhanoviste) a un CV fort impressionnant. À la fin des 90’s il a fait partie des orchestres maisons des labels Desco et Soul Fire (via les Soul Providers et The Mighty Imperials), puis au début des années 2000, de The Dap-Kings, le backing band de Sharon Jones. Il rejoint également The Menahan Street Band créé en 2006 par son ami Thomas Brenneck, qui accompagne également Charles Bradley.
Il produit la carrière de Lee Fields depuis 20 ans et l’accompagne en tournée avec son groupe The Expansions. Il est à l’origine du succès mondial d’Aloe Blacc en 2010 (son album Good Things avec son tube « I Need A Dollar »). Si l’on ajoute à ça la création de deux labels (Truth & Soul en 2004 avec Jeff Silverman, puis Big Crown Records en 2016 avec Danny Akalepse) on en a vite le souffle coupé. Et encore, ce n’est qu’un petit florilège.
Mais son projet le plus personnel est très certainement la création de son groupe El Michels Affair en 2002 avec ses vieux complices Thomas Brenneck, Homer Steinweiss, Nick Movshon et Michael Leonhart. Après quelques singles, leur premier album Sounding Out The City sort en 2005. Remarqués par Raekwon, ce dernier
les sollicite pour accompagner la tournée du Wu Tang Clan. La formule fonctionne si bien que le groupe a l’idée de reprendre en version instrumentale une sélection de classiques du Wu. En 2009, le projet voit le jour et Enter The 37th Chamber sort dans les bacs en se faisant automatiquement remarquer par les aficionados.
La suite arrive huit ans après avec Return To The 37th Chamber. Changement d’ambiance en 2020 avec la sortie d’Adult Themes, sorte de B.O imaginaire à la fois langoureuse et psychédélique.
Toujours désireux d’explorer des voies nouvelles, Leon Michels crée avec Yeti Season un univers aux sonorités orientales qui puise autant du côté de la soul que d’influences plus traditionnelles. La jeune chanteuse indienne Piya Malik laisse une large empreinte sur quatre titres et quand on entend « Unathi », « Dhuaan », le plus psychédélique « Zaharia » ou encore le dansant « Murkit Gem » (qui a tourné en boucle sur Radio Nova), on voyage irrémédiablement du côté d’Istanbul ou de Bombay. On n’est d’ailleurs pas tellement éloignés des atmosphères anatoliennes d’Altin Gün (que vous avez pu découvrir dans notre box de janvier). Côté chant, le combo a aussi invité Shannon Wise sur le titre « Sha Na Na », qui se trouve être aussi la chanteuse et bassiste de The Shacks, autre projet produit par Leon Michels et signé sur son label Big Crown.
Quant aux morceaux instrumentaux (marque de fabrique du groupe), on retrouve l’esprit éthéré et cinématographique que l’on avait déjà pu entendre sur des projets antérieurs : « Ala Vida », « Lesson Learned » ou « Last Blast » en sont de bons exemples.
Bref, dans ce périple haut perché au dépaysement assuré, on retrouve tout l’art et l’expérience de Leon Michels et de ses compères, pour qui la musique est autant de contrées à explorer et à expérimenter. Jamais à courts de projets, la promo de Yeti Season était à peine terminée que le groupe revisitait déjà à l’automne dernier l’album Ekundayo du chanteur soul anglais Liam Bailey, sous le nom de Ekundayo Inversions. Une hyperactivité qui fait mouche à chaque fois, pour le plus grand plaisir de nos oreilles !
Arnaud Brailly
