Description
« Il y a un peu d’amour dans la colère et vice-versa…»
Même en interview Nicolas Michaux sait user de sa poésie pour décrire l’univers de son second album, sorti il y a deux ans. Un artiste rare, d’une discrète élégance qui va réchauffer les petits cœurs mélomanes du Vinyle Club en cet hiver qui s’annonce…
Mais qui se cache derrière cet Amour Colère ? Un musicien belge, liégeois plus exactement, mais bruxellois d’adoption,
37 années au compteur, qui chante l’amertume et la douleur amoureuse comme personne, avec une douceur acide qui berce en même temps qu’elle nous bouleverse. Alors jeune étudiant à Liége il fonde le groupe Eté 67 qui connait son petit succès en Belgique et en France. Sorti en 2016, son premier album solo A La Vie, A La Mort avait marqué les esprits mais c’est surtout avec ce deuxième album sorti en 2020 que NicolasMichaux a confirmé ses talents de song-writer, aussi à l’aise en français qu’en anglais.
Amour Colère est un album hors norme, hors frontière aussi puisque la vie du musicien se partage depuis quelques années entre la Belgique, à Bruxelles essentiellement, et le Danemark, pays de sa compagne.
L’artiste y a d’ailleurs trouvé inspiration : le minimalisme d’Amour Colère, si agréable à nos oreilles, trouve probablement ses couleurs épurées de l’île de Samsø, petite île de 3000 habitants au Danemark, où l’artiste a posé ses valises en famille, au grand air. Des conditions parfois difficiles à vivre en hiver mais idéales selon l’artiste « pour se concentrer sur sa musique… le lieu, le climat [là-bas] invite à un certain dépouillement, et à une recherche de simplicité ». En danois, on appelle ça le hygge, un sentiment de quiétude et de bien-être propice aux états créatifs : la contemplation comme source d’inspiration, en général c’est efficace.
Amour Colère est un petit bijou : dix chansons, cinq en français, cinq en anglais, qui oscillent entre cris de rage voluptueusement interprétés et euphorie amoureuse teintée d’amertume. Beaucoup d’amour, comme dans « Harvesters », « Nos Retrouvailles », « Every Word » mais beaucoup de colère aussi : « Cancer », morceau très pudique et pourtant si cru sur la maladie, ou encore « Enemies », « Parrot », sur la bêtise des politiciens, et l’angoisse écologique. Un hommage à Liège et à l’urbanité, plus rock, comme avec « Factory Town », presque une ode à Lou Reed tant les riffs sont “velvetiens“. Il n’y a absolument aucune fioriture mais plutôt des silences pour orner cette guitare et cette voix chaude et suave. Mention spéciale pour « Une Seconde Chance », une superbe love song qui réconcilierait tous les amoureux déchus…
Nicolas Michaux a trouvé le ton juste pour exister entre différents genres musicaux, la folk, l’indie-rock et le dandysme anglo-saxon. On plonge dans ces eaux troubles avec délectation comme on se laisserait happer par les abysses.
Amour Colère est un grand disque parce qu’il nous met dans cet état vaporeux digne des grands moments musicaux qui veut qu’on se coupe de tout pour écouter, juste écouter.
Marie-Laure Sitbon