Description
Bientôt 10 ans que Flavien Berger nous illumine de sa poésie musicale, protéiforme et toujours pleine de surprises. Il lui arrive aussi parfois de faire des correspondances entre ses albums.
contrebande 02. le disque de l’été est en effet une correspondance à contrebande 01. Le Disque de Noël sorti en décembre 2015, comme pour nous annoncer que tout ça est un univers parallèle à ses albums plus structurés tels que Dans cent ans ou Contre-Temps.
Mais qu’on ne s’y trompe pas, ces “contrebandes” sont de réelles œuvres complètes, ici avec 15 morceaux à l’univers sonore bien identifié : « Ces albums sortent un an après les albums un peu plus importants. Ça veut sans doute dire qu’ils ont été faits pendant le disque. En contrebande, en secret, ‘en soum-soum’. Et ce sont souvent des morceaux qui n’avaient pas la place d’être dans le disque, mais qui ne sont pas pour autant des phases B ».
Ça a l’air flou comme ça, mais il faut pouvoir mettre des mots sur l’expérience Flavien Berger. Artiste complet, tant dans ses lyrics que dans sa musique, il crée un patchwork des genres et est difficilement définissable. Autodidacte, il n’a pas appris la musique à l’école, il s’était orienté vers le design industriel avec comme projet de fin d’étude la conception d’une machine à musique. Enfant, son passage au Conservatoire a été bref. Flavien Berger s’est véritablement mis à l’exploration musicale à l’aide d’une console de jeux vidéo PlayStation 2 et d’un enregistreur à cassettes lorsqu’il avait 13 ans, puis à l’aide du logiciel GarageBand fourni sur son ordinateur, lorsqu’il était étudiant. Ses parents viennent du monde de l’image, un père réalisateur en télévision et une mère monteuse.
« J’ai longtemps cru que j’allais faire des films pour raconter des histoires. Je me suis rendu compte que je pourrais les raconter par la musique » explique celui qui ne veut pas citer de grands musiciens tutélaires mais avoue avoir beaucoup écouté les musiques noires, le jazz, la soul, le rap américain ou la house.
Voilà pour le décor de ce poète musicien.
Après le succès de Léviathan en 2015, Flavien se réfugie à Bruxelles pour créer ce que certains ont considéré comme son chef d’œuvre, Contre-Temps. Mais il n’est pas du genre à se reposer sur ses lauriers, ni à se poser d’ailleurs. Avec son studio “ambulant”, il peut créer de nouveaux sons un peu partout… oscillant entre pop, chanson, électro, il invente des albums toujours fluides, entrecoupés de voix parlées, de bruits de nature, comme le bruit de l’eau. L’œuvre de ce poète sonore est à prendre dans sa totalité : alors il y a les albums structurés, et les “brouillons sérieux” que sont les contrebandes . Mais on retrouve toujours la quiétude, la fausse posture de “beta” qu’il aime à incarner sur scène également, pour la plus grande joie de son public, comme une ode à la simplicité en réponse aux tumultes d’un monde de plus en plus complexe et anxiogène. contrebande 02. s’ouvre sur une voix « 1, 2, 3 » comme un grand plongeon dans une rivière ou dans le miroir de Dans cent ans sorti il y a tout juste un an.
Cette fois, les bruits de l’eau nous conduisent directement à l’été, saison où les nuits sont courtes et la douceur délicieusement interminable. Euphorie, nostalgie et expérimentation pourraient ainsi être les maîtres-mots de l’ensemble. On s’y délecte des langueurs et des longueurs dans « magie vermeille » avec Pomme au chant ou sur « plongereuse », tout comme des instants furtifs avec « gervase weatherboy type beat » ou « rewind raclure rocco skit ». Parce que l’été c’est un peu tout ça et même beaucoup plus.
Notre magicien musicien, qu’il faut absolument aller voir s’amuser sur ses machines en live, n’en finit pas après 10 ans de nous étonner et de nous faire voyager. Rien que pour ça, on plonge tête la première !
Marie-Laure Sitbon
