Description
Dire que l’album de Wu-Tang Clan sorti en 1993, Enter The Wu-Tang (36 Chambers), a marqué toute une génération est un doux euphémisme ! Ce culte voué à l’un des groupes (peut-être même LE groupe ?) le plus influent de l’histoire du hip-hop ne se dément toujours pas, comme l’a prouvé l’engouement des aficionados pour leur récente série en trois saisons Wu-Tang : An American Saga.
Léon Michels du groupe El Michels Affair fait partie de ces adeptes ayant grandi notamment au son du hip-hop. Pourtant, c’est bien dans l’univers soul/funk qu’il va avant tout tracer sa voie. En côtoyant dès la fin des années 90 tout ce que la scène new-yorkaise fait de mieux en la matière (Le label Desco et Soul Fire au sein des Mighty Imperials tout d’abord, Daptone ensuite), il va devenir l’un des producteurs et musiciens les plus prisés de la Grande Pomme ! En 2002 il décide de créer son propre groupe, El Michels Affair, en s’entourant d’une armada de musiciens amis bien rôdés, avec entre autres le batteur Homer Steinweiss, Thomas Brenneck à la guitare et Michael Leonhart à la trompette ou encore son vieux complice bassiste, Nick Movshon.
Après plusieurs singles, le groupe se lance dans la création d’un premier album alors que Léon Michels décide en parallèle de créer son propre label, Truth & Soul, avec Jeff Silverman en 2005. Sounding Out The City sort la même année et leur permet de rapidement s’imposer comme un combo à suivre de près, mais c’est sûrement leur rencontre avec Raekwon, MC influent du Wu Tang, qui va booster leur carrière.
En devenant le backing band officiel du prestigieux collectif lors de la tournée 2007 des neufs MC’s, l’idée d’un album reprenant quelques classiques des productions de RZA pointe vite le bout de son nez.
Rien de plus normal en même temps, quand on connaît les influences soul de ce dernier et les samples qu’il a puisés dans les vinyles de sa discothèque pour assembler ses productions.
Le projet voit donc le jour en 2009 et s’intitule Enter The 37th Chamber, un clin d’œil évident au premier album du Wu qui reste une des sources principales d’inspiration de cet album, même si elle n’est pas la seule. Les classiques des débuts du Clan sont donc réinterprétés par El Michels Affair sous forme instrumentale et c’est une réussite ! En proposant une sorte de boucle “bouclée” (la soul samplée dans le hip-hop, lui-même réinterprété par des musiciens de soul) que le LP va rapidement trouver son public. L’engouement est tel qu’il va amener le groupe à proposer une suite huit ans plus tard, la bien nommée Return To The 37th Chamber, qui puise, là encore, dans la discographie prolifique des moines shaolin de Staten Island !
Ce retour décliné en quatre pochettes différentes (les collectionneurs ou les fétichistes s’en donnent à corps joie !), sort sur le nouveau label de Léon Michels et de Danny Akalepse à l’époque : Big Crown Records. Dans la continuité du premier volume, on y retrouve des tracks éparpillés dans les différents projets du Clan : « 4Th Chamber » ou « Shadowboxin » viennent du LP Liquid Swords de GZA, « Wu Tang Clan Aint’ Nothing to F With » et « Tearz » de leur premier album mythique. Sur ce dernier titre la voix de Shannon Wise et de Lee Fields (deux autres signatures de chez Big Crown) donne une émotion d’âme supplémentaire à l’instrumentale. C’est également le cas du « Snakes » extrait à la base du premier album de Ol’ Dirty Bastard, Return to the 36 Chambers, réinterprété également par Lee. Quant au classique de Method Man, « All I Need… », c’est ici Nicole Wray, autre égérie du label, qui remplace l’original posé par Mary J Blige.
En conclusion, ce deuxième volume s’avère aussi indispensable que le premier opus et on retiendra que, finalement, la musique c’est un peu comme la chimie, on peut lui apposer l’adage du scientifique et philosophe français Antoine Lavoisier : “Rien ne se perd, tout se transforme !”
Arnaud Brailly
