Description
C’est comme ça, la la la la ! Il s’appelait Rita, elle s’appelait Mitsouko.
Leur nom c’était déjà une porte d’entrée dans leur univers. Fantasque, rock, sulfureux et en même temps très enfantin. Rita comme Rita Lenoir, une célèbre stripteaseuse et Mitsouko, inspiré par le nom d’un enivrant parfum de Guerlain.
Lui c’était Fred Chichin à l’état civil et elle, Catherine Ringer. Ils étaient un duo de musiciens, un couple d’artistes à la scène comme à la ville, des aventuriers musicaux comme on en a rarement connu en France.
On ne peut pas parler des Rita Mitsouko sans d’abord parler de la merveilleuse histoire d’amour qui a lié pendant 29 ans Fred, ce grand et génial guitariste déguiguandé, et Catherine, cette interprète à la rage au bide et à l’énergie de feu. Le rock dans le sang et la furieuse envie, à deux, d’abattre des murs, de casser les codes et de gravir les sommets.
Révélés au public en 1984 avec le single « Marcia Baila », puis leur premier album Rita Mitsouko, le duo apparait rapidement comme incontournable dans un rock français un peu moribond, coincé dans un antagonisme binaire entre Teléphone et Indochine. Les « Rita » sont déjà loin, aux confins d’un joyeux bordel entre rock, vintage, funk, jazz… bref une identité qu’ils ont réussi à tr
ès vite imposer loin des clichés anglo-saxons.
Après le succès de leur premier album, on aurait pu les imaginer avoir la folie des grandeurs. Il n’en est rien.
En 1986 pour leur 2eme opus, Chichin et Ringer travaillent chez eux, entre eux, et ça suffit à faire du grand rock’n’roll. L’émulation amoureuse et artistique est à son comble. Lui admire ses talents de bête de scène, sa voix et sa fantaisie. Elle est complètement folle amoureuse de son génie de la guitare un peu taciturne qu’elle essaye tout le temps de dérider.
Le couple cosigne 9 des 10 titres de l’album et pour harmoniser toute cette belle créativité, a l’ingénieuse idée de faire appel à l’illustre Tony Visconti, producteur des principaux albums de David Bowie ou encore de T.Rex.
Voilà pour résumer la genèse et la gestation de The No Comprendo, sorti en septembre 1986. L’attente était folle. Et la réponse fut à lahauteur. Dès le 1er morceau, « Les histoires d’a », la guitare de Fred nous punche et la narration rageuse de Catherine nous scotche. “Les histoires d’amour finissent mal en général, pas toujours…“. Pas la leur en tout cas, et ils le crient haut et fort dans cet album haut en couleurs.
Une claque et un ovni musical, avec trois premiers morceaux qui apparaissent comme des coups de poing dans une scène française endormie, “c’est comme ça (lalalala)“ que ce ne sera plus jamais pareil. Beaucoup disent qu’il y a eu un avant et un après The No comprendo, tellement l’album a marqué les mémoires, et son époque. Un succès public phénoménal, une Victoire de la musique l’année suivante, la fusée Rita Mitsouko est lancée plein gaz, et ne disparaitra dans les étoiles que 20 ans plus tard un triste jour de novembre 2007, quand, en bon grand timide qu’il était Fred quitta discrètement la planète Terre, emporté soudainement par un cancer.
Catherine, toujours solaire, continue depuis sa route en solo, sans jamais quitter la scène et la musique, et regardant d’un œil bienveillant sa descendance, Simone et Raoul, avec leur groupe Minuit, reprendre le flambeau du joyeux bordel musical. Les Rita sont éternels, et The No Comprendo restera comme l’un de leurs meilleurs albums à ce jour et l’un des plus récompensés.
Marie-Laure Sitbon
