Description
A l’occasion de leur grand retour, en cet automne 2022, sur scène et en studio avec leur nouvel album The Car, on a décidé au Vinyle Club de s’attarder un peu sur la carrière exemplaire des Arctic Monkeys, l’un des groupes britanniques les plus influents de ces deux dernières décennies. Et c’est avec un de leurs albums phares, AM, qu’on va se replonger avec délectation dans l’univers musical et singulier de ce groupe à mi-chemin entre le rock indé et la pop, un son qui aura marqué son époque.
Pour la petite histoire, comme beaucoup de grands groupes britanniques, les membres se sont connus au lycée. Originaires du quartier de High Green à Sheffield, ville ouvrière du nord de l’Angleterre, les débuts communs des futurs Arctic Monkeys ont lieu en 2002. Alex Turner et Jamie Cook assistent un soir à un concert des Libertines. A la sortie, ils décident de se mettre eux aussi à la musique. Ils squattent donc le garage paternel et apprennent à jouer de leurs instruments (qu’ils ont reçus en cadeau à Noël). Leurs progrès sont très rapides : Alex devient le chanteur et Jamie le guitariste et ils ne tardent pas à se mettre à la composition, leur copain Andy Nicholson prenant la basse. Se souvenant d’un groupe où jouait son père dans sa jeunesse, Matt Helders, le batteur, propose comme nom Arctic Monkeys (les Singes de l’Arctique), et même s’il est loin de faire l’unanimité il est quand même adopté pour son côté accrocheur et rigolo. Ils travaillent leurs morceaux, leur son, un rock garage et vintage, mais comme on est en Angleterre il y aura toujours un brin de dandysme et d’élégance chez les Arctic Monkeys, qui leur donnera parfois une couleur parfois pop. Grace à MySpace (pour les plus jeunes, le Tik-Tok des années 2000), réseau où ils diffusent leurs premières démos et leurs premiers morceaux, ils se font connaître et se créent une véritable fan base avant même d’avoir sorti un album.
Le bouche-à-oreille fonctionne tant et si bien qu’en janvier 2006 quand sort le premier album Whatever People Say I Am, That’s What I’m not, le groupe est acclamé et applaudi partout où il passe. Le premier opus se vend à plus d’1,2 millions d’exemplaires, juste au Royaume-Uni. Alex Turner a bien conscience qu’il ne faut pas se reposer sur ses lauriers, et en 7 ans le groupe enregistre pas moins de 5 albums. Un rock nerveux, très influencé par The Strokes et The Libertines, mais qui doit aussi se renouveler.
AM, intitulé aux initiales du groupe (en hommage au VU du Velvet Underground que le groupe admire) est donc cet album qu’on pourrait appeler vulgairement et ironiquement “l’album de la maturité“. Rien de sage et de posé dans cet album aux accents rageurs, mais plutôt une véritable maitrise de leur style et la sensation dès la première écoute que ces musiciens s’amusent désormais à surfer sur la vague qu’ils ont eux-mêmes créée. La voix suave d’Alex Turner prend en gravité, les riffs de Jamie Cook gagnent en musculature, sûrement grâce à l’influence de leur parrain stoner Josh Homme, leader des Queens of the Stone Age, avec qui ils avaient enregistré Humbug.
Alors lorsque sort à l’automne 2013 ce 5ème opus, Alex Turner et sa clique n’ont plus rien à prouver ni à leur public ni aux critiques… Si ce n’est de surprendre et c’est chose faite dès le morceau d’ouverture « Do I Wanna Know », au riff implacable, à la rythmique presque hip-hop, morceau qui sera probablement leur plus grand tube jusqu’à présent.
12 morceaux et 42 mn d’uppercut de rock pur comme on les aime, et qu’on préfère vous laisser découvrir. Bercé par la sensualité corrosive d’un Turner aux sommets de son art comme sur « N1 Party Anthem », on donne une mention spéciale à « Mad Sounds » où le chanteur rend hommage à Lou Reed décédé la même année. AM fut à sa sortie auréolé d’un succès critique et public sans précèdent pour le groupe. Et dès la première écoute vous aurez très vite compris pourquoi…
Marie-Laure Sitbon