Description
Figure emblématique du mouvement “Chicano Power”, Santana devient en l’espace de deux albums le symbole culturel de toutes
les communautés sud-américaines issues de plusieurs générations d’immigration. C’est également la revanche de son leader, Carlos Santana, un jeune mexicain à l’enfance torturée, qui allait vivre un rêve américain bien au-delà de ses espérances !
Dès son plus jeune âge, Carlos est initié à la musique, d’abord au violon, puis à la guitare acoustique et intègre parfois l’orchestre de mariachis de son père. C’est en déménageant à la frontière américaine dans la ville de Tijuana qu’il découvre la guitare électrique, véritable révélation pour la suite de sa carrière. Décidé à devenir musicien professionnel, il n’arrive pourtant pas à décrocher de contrats lui permettant de vivre au Mexique. Il décide alors de déménager à San Francisco au milieu des années 60, ville en pleine ébullition artistique, fief de la contre-culture hippie et du rock psychédélique naissant.
Une fois sur place, c’est d’abord dans le blues et avec la création en 1966 de son premier groupe, le Santana Blues Band, qu’il lance sa carrière américaine. Mais c’est surtout la rencontre avec le promoteur de spectacle Bill Graham et leurs concerts au Filmore Auditorium qui s’avèrent être décisifs pour être que le musicien soit signé sur le label Columbia en 1968. Après avoir pris le nom de Santana, le combo enregistre un premier album au printemps 1969 et va être propulsé sur le devant de la scène grâce à sa présence sur le mythique festival de Woodstock le 16 août de la même année. En 45 minutes, avec un concert court mais une prestation habitée, la légende est née ! Deux semaines après, l’album éponyme du groupe sort dans les bacs et se place directement dans les premières places des charts !
Mais c’est sans aucun doute ce second album Abraxas qui va permettre au groupe d’asseoir définitivement sa réputation internationale. Enregistré avec le même line-up que leur précédent, on y retrouve Carlos Santana à la guitare et au chant, Gregg Rolie à l’orgue et au chant, David Brown à la basse, le jeune Michael Shrieve à la batterie, Michael Carabello et Jose “Chepito“ Areas aux percussions. Entre musiques latines, psychédélisme rock voire jazz rock, le son “Santana” prend toute son ampleur ici ! En seront extraits trois tubes qui sont encore aujourd’hui trois classiques du répertoire de Carlos Santana.
« Black Magic Woman » pour commencer : la reprise de Fleetwood Mac est totalement rejouée et survitaminée avec son mariage orgue, percussions, guitare et sa montée en puissance en fin de morceau. Il rend également hommage à Tito Puente, le roi portoricain des timbales, en reprenant son classique de 1962 : « Oye Come Va », qui deviendra à nouveau un hit à travers le monde. « Samba Pa Ti » composé par Carlos est un blues plaintif et mélodique où sa Gibson saturée fait des merveilles.
Le rock psychédélique se marie même avec le jazz rock sur « Incident At Neshabur » qui n’est pas sans rappeler cet élément qui prendra de l’ampleur dans la suite de leur discographie, alors qu’il fait preuve de plus de classicisme sur « Mother Daughter » ou « Hope You’re Feeling Better ».
L’album atteint la 1ère place du Billboard 200 et se vendra à plus de cinq millions d’exemplaires rien qu’aux U.S.A ! Régulièrement cité dans les classements des plus grands disques de tous les temps, ce LP intemporel nous rappelle que le talent n’a pas de frontière ! A 75 ans, Carlos n’est pas prêt de prendre sa retraite et reste toujours présent sur scène et dans les bacs, son dernier album Blessings And Miracles est d’ailleurs sorti l’an dernier chez BMG. Intemporel on vous dit !
Arnaud Brailly